ou le non-respect des droits d’auteur.

Il est intéressant de constater la facilité avec laquelle beaucoup de personnes s’approprient des créations photographiques pour illustrer leurs posts Instagram afin d’améliorer leur Feed, sans oublier de republier sur Facebook et Twitter, en faisant une petite vidéo au passage sur Tik-Tok. La non prise en considération que toute photo est la propriété de quelqu’un, d’un artiste ou d’une personne lambda, est une violation de la propriété intellectuelle et des droits d’auteur.

Alors, le « Non, mais c’est bon, c’est juste une photo ! » doit-il perdurer avec à une telle légèreté malgré l’investissement derrière le moindre cliché ?

Ce que dit la loi

L’article L.111-1 du Code de la Propriété Intellectuelle (CPI) prévoit que « l’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous. » En d’autres termes, l’œuvre n’a pas besoin d’être déposée ou enregistrée pour que son auteur puisse se prévaloir de la protection offerte par le droit d’auteur.

Les conséquences pour les auteurs des photographies

Il faut parfois du temps pour être connu, et souvent, on publie sur Internet une photo pour la soumettre à avis du public, pour compléter son virtual book ; pour alimenter ses propres réseaux sociaux à des fins professionnelles dont l’objectif est la reconnaissance. Voir son travail ainsi partagé, repris, reposté peut être gratifiant si la réglementation en vigueur, ou au moins les mentions légales, sont appliquées. Tout n’est pas juste une question de rémunération. Mais qu’en est-il lorsque cette photographie vient illustrer un contenu illicite, très loin des valeurs humaines de l’artiste ? Qu’en est-il lorsque l’ensemble fait le bad buzz bien malgré l’auteur ? Il va falloir qu’il se battre encore et toujours pour retrouver sa crédibilité et reconstruire sa réputation, avec dans le lot des sceptiques, ceux-là même qui croient encore que seul le négatif fait foi. Oui, l’utilisation d’une photo peut être très lourde de conséquences à différents niveaux.

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CC0 : pexels-stanislav-kondratiev-2909235

La preuve par l’exemple : le particulier spoilé

La majorité du temps, l’utilisateur lambda publiera une photo prise sur Internet pour illustrer ses propos, se donner un style, se créer un univers. Mais la preuve par l’exemple est souvent ce qui fonctionne le mieux. Les longues phrases font sourciller. Le fait de transposer les faits dans des situations concrètes est bien plus explicite.

Si la divulgation d’image d’une personne sans son autorisation est un délit pénal, si la publication de la photo de vos enfants est sous le couvert de la loi, imaginez que pour illustrer cet article, je me serve dans votre banque de photos, la même que vous laissez en mode public sur vos réseaux et que l’on peut retrouver sur les moteurs de recherche. Je peux donc utiliser facilement votre photo de profil, la photo de votre chien (#teamdog) ou pire, celle de vos enfants. Quelle va être votre réaction ? Vous allez certainement et légitimement crier au scandale. Vous allez avancer que ce sont vos photos , que vous en êtes l’auteur. Mais il n’en demeure pas moins que j’aurais usé de la même pratique que les personnes qui utilisent les clichés des artistes ou autres photographes amateurs : utiliser une image trouvée sur Internet. Maintenant, imaginez que cette même photo vienne illustrer un article de blog, un Tweet ou autre pour agrémenter des propos qui vont à l’encontre de vos valeurs, de votre mode de pensée, pire que cela puisse vous porter préjudice. Vous l’aurez compris : le fait d’utiliser une photo de façon anodine, sans malhonnêteté, peut malgré tout avoir des conséquences préjudiciables. Ce n’est pas parce qu’une photo est librement accessible que cela implique la cession des droits d’auteur.

Les bonnes pratiques

Bien qu’il soit parfois difficile de remonter à la source, utilisez uniquement des photos que vous pouvez créditer. Les auteurs font souvent preuve de tolérance et un peu de visibilité peut être bénéfique (échange de bons procédés).

Si l’utilisation va au-delà de la publication privée (comprendre comptes privés sur les réseaux sociaux) demandez tout simplement l’autorisation et indiquez l’objet de l’utilisation. Vous pourriez être surpris de la bienveillance des auteurs.

En résumé, la photographie nous transporte et éveille en nous des émotions. Les travaux d’un artiste partagés sur les réseaux sociaux représentent une valeur ajoutée. Pour l’artiste cela peut lui permettre une reconnaissance non négligeable. Le CPI protège les droits des auteurs sur toutes les œuvres de l’esprit, quels qu’en soient le genre, la forme d’expression, le mérite ou la destination. Alors au minimum, lorsque vous publierez désormais la photo d’une autre personne sur vos réseaux, souvent à l’affût d’une augmentation du nombre de likes et de vues, n’oubliez pas de créditer l’auteur qui aura permis cette ascension.

Merci pour eux.